[Mise a jour :] Grand entretien sur France Culture en ce 18 Février qui parle entre autre de cette initiative et de notre film [audio:http://nicotupe.fr/Blog/wp-content/uploads/2011/02/franccul.mp3].
Mardi, sans rien demander, le jeune adhérent que je suis reçoit un mail du centre Pompidou : « Il reste des places pour participer à la séance de 10H de l’Usine des films amateurs, une création de Michel Gondry ». Sur le même principe que les fameux films suédés, Beaubourg vous propose de réaliser un film en un temps record. Si l’idée est géniale, voyons voir ce que cela donne dans la pratique…
La proposition est pour le moins intéressante. Sur l’idée de « Be Kind Rewind« , le but est de réaliser en 3H un film avec les moyens du bord : Une histoire écrite sur le moment, une seule prise pour chaque scène, pas de montage (on stoppe et on reprend le tournage pour donner un effet de changement de plans) et tous les effets spéciaux à la main (du papier pour marquer le titre à la jaquette du DVD). Et on ressort de tout cela avec un DVD contenant ledit film.
Histoire d’avoir matière à filmer, un mini studio a été reconstitué comprenant une vingtaine de décors :
La proposition se décompose en trois ateliers : une histoire, un scénario, tournage.
Atelier 1 : Rencontre
Quarante personnes sont regroupées dans une salle et doivent choisir le « cadreur ». Sa mission est de filmer et uniquement cela! Malgré une fréquentation très orientée (pour ceux avec qui j’ai discuté : Étudiant en histoire de l’art, étudiant en cinéma, monteur de reportages et scientifique), le cadreur n’a jamais touché une caméra pour un effet encore plus amateur. Une fois le cadreur choisi, on désigne le scribe et le chronométreur (affublé pour l’occasion d’un magnifique minuteur en forme d’oeuf). Les étapes de cet atelier sont très directives :
– Proposez des genres pendant 10 minutes
– Votez pour un ou deux genres (la victoire va à « Drame psychologique – Horreur »)
– Proposez des titres pendant 10 minutes
– Votez pour un titre (Nef 2 : Panique au pique-nique)
– Écrire un résumé de quelques phrases
NOTE : Ne pas se préoccuper de la faisabilité du scénario!!
Cette première phase très guidée permet de rapidement faire connaissance avec les participants et d’avancer très rapidement un scénario. En revanche, un groupe étant constitué d’une quarantaine de personnes, cette bouillie d’idée donne des choses très étranges :
Nef, amnésique immédiat reçoit le coup de fil d’un ami lui rappelant d’acheter de la nourriture à un pique-nique. Du fait de son état, il oublie et rejoint le lieu de déjeuner avec seulement de la mayonnaise. Les amis très énerves le menacent de le manger. Un ami moins cannibale rappelle alors qu’ils ont croisé une vache qui ferait un excellent repas. Mais Nef a pour sa part repéré un SDF à son gout. Après un moment d’hésitation, ils commencent à manger le SDF qui avoue finalement être le père de Nef. Nef se souvient en effet de cet homme dans une chapelle, le film finit sur cette scène où l’on voit le père de Nef sur le lieu de son ancien travail.
Atelier 2 : Ecriture
Une fois ce premier travail accompli, on passe à l’écriture du script. Il s’agit de découper l’histoire en 10 phrases. À chacune de ces phrases sera associé un lieu de tournage et des comédiens. La volonté de Gondry est que tout le monde (sauf le cadreur évidemment) apparaît dans le film. Donc les scènes regorgeront de figurants :
Scène 1 : Nef se lave les mains et découvre qu’il a pique-nique aujourd’hui. – Lieu : Toilettes
Ces toilettes ne sont qu’une photo collée sur un mur, mais l’effet est assez réussi. |
Scène 2&3 : Il va à l’épicerie acheter du Sel. Il retourne à l’épicerie acheter du sel (eh oui, il est amnésique) – Lieu : L’épicerie
Un vrai bar reconstitué, on s’y croirait (on nous avait vendu une épicerie). |
Scène 4 : Nef va prendre le métro pour rejoindre le lieu du pique-nique, il reçoit un coup de fil – Lieu : Métro
Le métro fait partie des plus complets : les couloirs, un intérieur avec des décors qui défilent et un extérieur avec un tapis roulant pour faire défiler le paysage.
Scène 5 : Ses amis appellent pour lui rappeler de venir au pique-nique – Lieu : Voiture
Cette demi-voiture est placée devant un écran dont la bande est directement reliée à l’accélérateur. Quand on accélère, le décor bouge et on peut même choisir entre jour/nuit et ville/campagne. |
Scène 6 : Nef croise le SDF dans le métro qui fait la manche. – Lieu métro
Scène 7 : Il rejoint ses amis au pic nique, on croise la vache – Lieu : Forêt
La forêt est simple, mais efficace, de la fausse herbe, un papier peint d’arbres et quelques arbres en carton pour l’impression de relief. |
Scène 8 : Les amis découvrent qu’il n’a qu’une salière pour repas. – Lieu : Forêt
Scène 9 : Dilemne entre le SDF et la vache, au final le SDF est choisi – Lieu : Forêt
Scène 10 : Nef commence à le manger, le SDF lui dit qu’il est son père – Lieu : Forêt
Scène 11 : Flashback à l’époque où le SDF était père – Lieu : La chapelle
Avant de commencer le tournage, on peut prendre des costumes et accessoires parmi un large choix : De la robe de mariée au body de danseuse en passant par un os ou encore un poste pour diffuser des bruits d’ambiance. Le centre propose aussi stylos et feuilles pour faire les titres et autres textes à l’intérieur du film.
Atelier 3 : On tourne
Vient le moment du tournage… Où l’on réalise que quarante réalisateurs c’est beaucoup trop, que notre scénario est trop long, que les logiciels de montage sont une belle invention… Je vous laisse « savourer » le film.
Au final une expérience intéressante et amusante qui mériterait quelques ajustements. Comme vous aurez pu le constater, le film tourné n’a pas grand-chose à voir avec les scénarios et c’est en grande partie dû au fait que nous
n’avons pas eu le temps et la possibilité de tout filmer et bien sur que nous ne pas des professionnels. Si le deuxième élément est le principe même de l’expérience, le fait de ne pas pouvoir filmer notre histoire est plus dommage. Une des solutions simple serait d’apporter des conseils aux groupes quant au nombre de lieux et/ou de scènes conseillés pour avoir une chance de finir le tournage. Car l’Usine des films porte bien son nom, pas moins de trois groupes participent à l’expérience en même temps (un par atelier) donc la production ne peut pas ralentir!
Tout est en place pour en faire une expérience exceptionnelle, il n’est pas impossible que nous ayons essuyé les plâtres d’une première.
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Informations complémentaires :
– L’illustration est la jaquette du dvd créé.
– Cette exposition est accompagnée d’une rétrospective des films de Gondry et d’une carte blanche laissée au réalisateur, plus d’infos sur le site officiel.