Monsieur chasse!
Une heure après l’arrivée au festival, carte du off dans la poche, je choisis de commencer par un Feydeau au théâtre du petit chien, ce lieu m’ayant jamais encore déçu.
Monsieur chasse est un Feydeau à l’histoire aussi classique que complexe : monsieur A et madame B Sont amants et trompent leurs moitiés respectivent qui comme par hasard se connaissent. L’occasion de beaucoup de quiproquos et autres coups de théâtre. Autant dire que ce n’est pas le type d’histoire dont je raffole…
La compagnie prend d’entrée un choix dangereux : le théâtre dans le théâtre. La pièce commence en faisant croire que les comédiens ne sont pas prêts à jouer, s’engueulent sur scène etc. Deuxième point qui m’agace généralement, il est plus facile de faire semblant d’être mauvais que d’être vraiment bon…
Et pourtant, malgré tout les efforts pour massacrer avec panache le Feydeau, non seulement c’est agréable à suivre, on rigole beaucoup mais surtout on parviens à suivre la pièce originale, la magie opère! Quel plaisir qu’avoir tort sur ses certitudes, les modifications faites permettent d’oublier certaines longueurs de la pièce originale et apportent de l’énergie et de la bonne humeur!
En bref, ce n’est pas la pièce du siècle mais si vous cherchez à commencer la journée le sourire aux lèvres avec une pièce bien écrite et des comédiens énergiques, courrez-y!
Pour aller les voir à Avignon : théâtre du petit chien (0490858949) à 10h45 (1h20)
Invisibles
La journée se poursuit par le chêne noir, merveilleux théâtre avignonnais. Invisibles est une pièce témoignage qui parle de l’Algérie. Je ne rentrerai pas ici dans les détails du témoignage en question mais plutôt sur la qualité de la pièce.
Le problème avec les pièces purement témoignages, c’est que si celui-ci ne vous parle pas, vous n’avez pus rien à quoi vous raccrocher et cette pièce ne manquait pas à la règle… La mise en scène est pratiquement inexistante, le jeu d’acteur n’est pas très bon (sauf bien sur les personnes qui jouent leur propre rôle et du coup sont plus vraies que nature), les personnages créés pour la pièce ne sont pas très intéressants et la pièce est très bavarde avec de nombreuses longueurs.
en revanche, le chêne noir s’essaie à des effets sons et lumières très réussis. Ils donnent avec un simple vidéo projecteur une impression d’un spectre qui traverse la salle impressionnante!
Bref, tout est dit, si le sujet vous interresse, courrez-y. Pour en avoir discuté avec d’autres, quand on connaît le contexte, c’est très émouvant. Mais si vous y cherchez une vraie pièce de théâtre avec toute sa richesse, passez votre chemin.
Pour aller les voir à Avignon : au chêne noir (0490867487) à 16h (1h40)
Binôme
Hors de la programmation officielle du OFF, binôme en est à sa troisième édition. Cette expérience originale vise à approcher arts et science. Tout commence par la rencontre d’une heure entre un metteur en scène et un scientifique (ici une biologiste). Puis isolé pendant deux mois de tous contacts avec la scientifique, le metteur en scène écrit un exte à trois voix d’une demi heure. La représentation présentée au festival est alors constituée d’un film présentant la rencontre entre les deux univers, puis une lecture du texte.
Au delà d’un concept accrocheur, force est de constater que cela fonctionne plutôt bien. Le texte était bien écrit et laissait bien ressortir les grandes idées de la symbiose entre une plante et un champignon par exemple. Le principal défaut de la représentation est que c’était une lecture… Attention, pas une lecture comme on l’entend généralement, avec une personne assise sur un fauteuil. Non, ici on avait des comédiens, le texte dans la main, interprétant avec intentions le texte qu’ils lisaient. Cela laissait un sentiment inachevé, on ne pouvait éviter de se demander pourquoi ils n’avaient pas appris leur texte par cœur!
En bref, amateurs d’art et sciences, allez-y, voir ce que donne l’expérience et vous faire votre propre avis.
Pour les voir à Avignon : http://www.sceneweb.fr/2012/07/binome-2-a-avignon-2012/
Mystère bouffe et autres histoires
Voilà une promesse alléchante. Un Dario Fo, façon commedia del arte, interprété par des étudiants italiens en… Gromlot! Le Gromlot est une langue imaginaire. Un bon Gromlot vous donne l’impression que la personne parle une langue que vous ne connaissez pas ; mais il la parle vraiment, c’est à dire que grâce à ses intentions et gestes, vous comprenez à peu près où il veut en venir. Ici, ce n’est pas un « vrai » Gromlot, mais plus un mélange de plusieurs langues existantes, entre mélange de dialogue italien et introduction de français.
La pièce se jouait sur un traiteau avec un peu plus de 20 comédiens. Le spectacle consiste en plusieurs « jeux de bouffons » où l’un des comédiens va raconter, en Gromlot donc, une histoire. Après une introduction où l’on nous raconte l’histoire elle est interprétée. Chaque soir les histoires contées sont différentes et hier soir nous avons eu droit à l’histoire d’un homme qui mangeait tout ce qui lui passait sous la main, l’aveugle et l’estropié, Adam et Ève et Jésus enfant. Chaque présentation est terriblement énergique, emplie de plaisir et le comédien utilise au maximum son corps (commedia oblige). Hélas, les personnages étaient parfois un peu pauvre et on avait plus l’impression de voir le comédien lui même nous conter l’histoire avec énergie.
Le final est une scène racontée par toute la troupe en même temps, en mouvements et musique. On est juste déçus que toute la pièce ne fut pas de ce niveau.
En bref, un très bon moment mais il y a sans doute mieux à faire.
Pour les voir à Avignon : cour d’honneur de la fac de médecine (0699507166) à 19h30 (1h30)
Le vagabond des mers
Le vagabon des mers est un conte créé et interprété par le Cirque des Mirages. J’ai découvert le cirque il y a trois ans justement au festival d’Avignon. C’est une troupe composée de deux personnes : un pianiste et un comédien-chanteur. Ils interprétaient avec fougue des chansons à textes. Imaginez un homme tout droit sorti d’un film de Tim Burton chantant avec l’énergie de Jacques Brel. Il y a trois ans donc, le spectacle était une suite de chansons excellentes que l’on peut écouter sur spotify par exemple.
Cette année le cirque à donc écrit un conte. Au lieu d’une successions d’histoires sans lien ils proposent une seule et unique histoire. L’univers et la musique est toujours aussi étonnante. Reste que ce choix osé implique moins de morceaux joués et surtout pratiquement plus de chanson, à ma grande déception!
En bref, si vous ne connaissez pas le cirque des mirages, courrez-y, vous adorerez et découvrirez ce merveilleux groupe. Et si vous connaissez, courrez-y aussi pour redécouvrir ces deux comédiens dans une création originale!
Pour les voir à Avignon : théâtre du chien qui fume (0490852587) à 22h30 (1h10)
Voilà pour cette première journée, à plus tard pour la suite et je peux d’ores et déjà dire que j’ai vu ce matin une pièce exceptionnelle!
Étiquettes : avignon, théâtre