Après une première journée plutôt réussie, c’est avec la deuxième journée que les choses sérieuses commencent avec pas moins de 6 spectacles dans la journée! Je pense qu’il est difficile de faire plus même si techniquement on doit pouvoir en rentrer sept…
Hotel Paradiso
Tout commence à 11H au magnifique théâtre du chêne noir pour “Hotel Paradiso” joué par Marina RODRIGUEZ LLORENTE, Anna KISTEL, Sebastian KAUTZ, Daniel MATHEUS, Nicolas WITTE, mis en scène par Michael VOGEL et avec des masques créés par Thomas RASCHER, Hajo SCHÜLER.
Sur scène, 4 comédiens masqués pour jouer une bonne quinzaine de personnages! Le spectacle est totalement muet, mais plus expressif que beaucoup de pièces bien plus bavardes. Dans cet hôtel géré par une famille on passe de la poésie à la tristesse sans oublier certaines scènes gores avec un boucher bien pratique pour cacher les corps (que les plus sensibles se rassurent, c’est suggéré, on ne voit rien!).
Tout est exceptionnel dans ce spectacle, l’interprétation d’abord qui transmet toutes les émotions sans paroles et avec des visages fixes (les masques). La mise en scène simple et avec une unité de lieu qui permet par de simples éléments de faire avancer l’histoire et changer l’ambiance. Et les lumières qui habillent parfaitement le spectacle.
N’hésitez donc pas si vous en avez l’occasion, visitez donc l’hôtel tant qu’il a ses étoiles…
Racine par la racine
A 14H24, notre choix s’est porté sur “Racine par la racine” proposé par La Caravane Rouge, interprété par Guillaume Dollinger, Cécile Le Guellec, Alberto Lombardo, Héloïse Lacroix et mis en scène par Serge Bourhis.
Ce type de pièces est très courant au festival d’Avignon. On vous promet de découvrir en une heure de spectacle l’intégralité de l’oeuvre d’un auteur. La tâche étant ardue, c’est rarement gage de qualité… Alors, quand mes camarades de festival portent leur choix sur les tragédies de Racine résumées en une heure et avec humour, je m’attendais au pire!
Pourtant c’est exactement ce qu’offre ce très bon spectacle. Il permet de parcourir toute l’oeuvre de cet auteur, d’en apprendre les histoires, les passages aussi mythiques que chiants tout en y mettant une agréable pointe contemporaine. On assistera par exemple à un interview BFMesque de Racine. Ou encore, l’une de ses tragédies sera proposée à la façon d’une comédie musicale. Enfin, nous rencontrons même le groupe des AA, les Alexandrins Anonymes qui offrent de jolis alexandrins sur des sujets de notre quotidien! Par exemple dans le métro :
Serrés comme des harengs dans ces râmes obscures,
Et humant à l’envi les aisselles impures,
Ô mortels plongés dans vos lectures!
A quoi songiez vous donc? A vos amours parjures?
Si vous voulez donc découvrir Racine avec le sourire (chose rare), n’hésitez pas!
Lune air
A 17H35, nous avons choisi Lune Air de et avec Julien Cottereau et mis en scène par Fane Desrues.
Cette pièce de mime/bruitages est le nouveau spectacle de Julien Cottereau. J’avais eu l’occasion de voir son précédent spectacle (Imagine-toi) quelques années au paravent et avait beaucoup apprécié. Cet artiste nous plongeait dans un monde poétique imaginé qui prennait vu grâce à d’intelligents bruitages. Son seul défaut était sans doute un léger manque de variété qui amenait le spectacle à un peu trainer en longueur.
Pour ce nouveau spectacle, Julien Cottereau a le mérite d’avoir essayé de nouvelles choses. Un écran est présent au fond de la scène et habille en couleur l’univers cette fois-ci lunaire. Hélas, le spectacle est beaucoup moins bon à mes yeux. D’abord l’univers est bien moins féérique : nous sommes dans un vaisseau spatial qui se dirige vers la lune. Ensuite, vidéo et bruitages enregistrés viennent s’ajouter aux bruitages fait à la bouche. Les vidéos ne sont pas très jolies et n’apportent pas grand-chose. Quant au bruitages enregistrés, ils retirent un peu du côté “performance” du spectacle précédent. Par moments on ne sait plus trop ce qui est fait par lui ou par la sono ce qui donne de plus un aspect parfois fouilli. Enfin, comme dans son spectacle précédent, des personnes du public sont invitées à monter sur scène pour jouer des extraits qu’il bruite lui même. Mais cette fois-ci, au lieu de prendre une ou deux personnes, il va jusqu’à prendre 4 et 6 personnes, ce qui rend d’autant plus long les explications et rend plus fouilli le jeu global de ces personnes qui ne sont finalement pas des acteurs.
En bref, Julien Cottereau reste un artiste original et intéressant. N’hésitez pas quand même à le découvrir, mais peut-être par le biais de son prochain spectacle. N’achetez pas le DVD, ce genre de spectacle est préférable de très loin à voir en vrai!
A demain pour la suite de cette journée!