Encore un festival d’Avignon bien chargé avec pas moins de 14 pièces! Voici la liste :
- Marco Polo et l’hirondelle de Khuan (théâtre actuel) : Du même auteur que « les Cavaliers » qui a eu plusieurs Molières l’an dernier. Mise en scène et interprétation tout aussi bonne, on se laisse porter dans leur univers.
- Comment va le monde? (Carmes André Bénedetton) : Texte de Sol, le « clown clochard » canadien. Très poétique, paraissant naif au premier abord dans son jeu sur les mots puis amène à réfléchir.
- Le cid (théâtre actuel) : Le Cid classique très bien interprété. A tel point que cette pièce, pourtant en vers, ne parait jamais longue et nous donne a plusieurs fois le sourire.
- Don Quichotte (Pandora) : La fameuse histoire de Don Quichotte dans la grande salle du Pandora. Moins de choses à en raconter, ce n’est pas le spectacle qui m’a le plus plu. Je l’ai vu lors de sa deuxième représentation et je pense qu’ils avaient encore besoin d’être rodés, curieux de voir ce que ça a donné en fin de festival.
- Royale légende (Petit louvre) : L’histoire d’une correspondance entre Marie Antoinette et le Chevalier d’Eon. Interprétation remarquable pour ces deux comédiens qui nous tiennent en haleine. Malgré la petite salle et le peu de comédiens on a le droit à des changements d’ambiance, de costume, des rires, des moments émouvants… Bref, l’un des coups de coeur de ce festival.
- Le bonheur des dames de Zola (Théâtre du roi René) : Le bonheur des dames de Zola au théâtre, vous vous demandez ce que ça peut donner? Eh bien, pas beaucoup plus que ce que vous avez en tête… La pièce est bien mis en scène, bien interprétée, avec de beaux décors mais force d’admettre que dans cette histoire, il ne se passe pas grand chose pour une pièce assez longue (par rapport au format habituel à Avignon) …
- Adieu Monsieur Haffman (Théâtre actuel) : Un des coup de coeur de cette année, plus de détails plus bas.
- Ensemble (La luna) : Comédie tragique italienne de Fabio Marra (que j’avais pu apprécier quelques années auparavant dans « Prêt à partir« , magnifique pièce basée sur les textes de Dario Fo). Toute la bonne humeur de Fabio Marra dans une histoire plus grave, avec un enfant handicapé et une soeur qui essaie malgré tout de faire sa vie. On sourit, on est ému, bref on passe un excellent moment.
- Scaramuccia (Cour du Barouf) : Notre passage annuel à la Cour du Barouf pour de la Comedia del Arte.
- Play Me (Condition des soies) : Troupe de danse contemporaine Taiwanaise. La danse contemporaine m’est étrangère et parfois cela tombait dans la caricature que l’on peut s’en faire mais malgré tout intéressant!
- 20 Decibel (Karabouf) : Passage annuel aussi, cette fois pour le cirque sur l’ile de la Barthelasse. Pas le meilleur cirque de ma vie…
- Macbeth Experience (Théâtre du petit chien) : Adaptation contemporaine de la pièce de Shakespeare. Je suis très partagé quant à cette adaptation. D’un coté c’est souvent très bien joué et avec de très bonnes idées de mise en scène. D’un autre ils se sont sentis obligés d’ajouter des moments de farce qui dénotent un peu trop.
- Kaguya (Ateliers d’amphoux) : Conte japonais.
- Les Prométhéens (Théâtre des Béliers) : Une grande aventure faisant intervenir plusieurs grand scientifiques de notre histoire dont l’énigmatique Tesla. On passe un très bon moment, la mise en scène est sympathique et l’interprétation est bonne. Reste que rien de particulier ne marque pour en faire un moment inoubliable.
Le bon moment
Cette année nous avions décidé d’aller au festival pour l’ouverture afin de voir la parade. En effet, à l’ouverture du Off, toutes les troupes défilent pendant plus d’une heure, en costume, dans la rue principale d’Avignon. Les quelques photos de ce post ont justement été prises lors de cette parade
Le moment où l’on va au Off n’est pas du tout anodin :
Si vous choisissez, comme moi cette année, de faire l’ouverture, vous pourrez voir la parade, vous n’aurez aucun problème a trouver des places dans les spectacles et pourrez même souvent vous faire offrir des places par les troupes dans la rue. Par contre c’est vous qui avez la charge d’essuyer les plâtres : très peu de bouche a oreille et des troupes/spectacles encore en train de se roder (Avignon sert aussi à ça : ajuster un spectacle). Par exemple, j’ai été voir Don Quichotte au Pandora, une création de cette année et j’aurais eu plaisir à y retourner en fin de festival. Cette deuxième représentation manquait de rythme, d’énergie même si l’on voyait bien que le travail était là.
Si vous choisissez de rejoindre Avignon en fin de festival, il y aura peu de troupes dans les rues et vous aurez intérêt à réserver certains spectacles plusieurs jours voir semaines à l’avance. Mais en contrepartie le bouche a oreille aura fait son office et vous devriez n’avoir aucun problème à remplir votre emploi du temps d’un grand nombre de pièces remarquables!
Enfin il reste l’option de la semaine autour 14 juillet. En milieu de festival, cette semaine constitue un entre deux des situations précédentes : encore des troupes dans les rues, des places dans les spectacles et des spectacles déjà rodés. En revanche, c’est à ce moment que la fréquentation du festival atteint son pic.
Le bon lieu
Parmi les habitudes du festival, il y a aussi le choix des théâtres. Si chaque année est l’occasion de nouvelles découvertes, tout habitué a sa liste de lieux où il est très rarement déçu. Par exemple, on essaie chaque année d’aller voir de la commedia dell’arte à la « Cour du Barouf« . Chaque année l’Académie Internationale des Arts du Spectacle de Versailles y présente ce type de théâtre italien dans les règles de l’art, avec tréteaux et énergie à en revendre,
Parmi les nouvelles habitudes, on est aussi beaucoup retourné cette année avec plaisir au théâtre actuel pour y voir Marco Polo ( la nouvelle pièce de l’auteur des cavaliers, Molière 2016), le Cid de Corneille (on y passe un bien meilleur moment que dans ses souvenirs scolaires) et enfin et surtout « Adieu monsieur Haffman ».
On nous raconte ici l’histoire d’un bijoutier juif qui avec l’arrivée d’Hitler au pouvoir demande à son principal employé de le remplacer à la direction de la bijouterie et en contrepartie de le cacher des nazis. Celui-ci accepte mais demande une faveur au juif : l’aider à avoir un enfant avec sa femme… Le sujet n’est pas des plus originaux mais le traitement est excellent. Et surtout, le final, un diner entre le nouveau patron de la bijouterie, sa femme, le juif qu’ils cachent et un couple de nazis est inoubliable.
Un peu de cirque
Cette année fût aussi la découverte de Sol par le biais de la pièce « Comment va le monde » interprétée par Marie Thomas. Sol, le clown clochard est un personnage créé par Marc Favreau. Il propose des textes naifs, poétiques qui font d’abord sourire puis réfléchir (on croirait la punchline des IgNobels). Plutôt qu’une longue description, je vous propose d’en écouter un extrait, directement de la bouche de l’auteur, ce qui conclura ce compte rendu!