PVélib

Jeudi matin. Appel important, mais déjà en retard : téléphoner sur le chemin. Station Vélib, selle la plus haute choisie.

Pneu arrière : Check!
Pneu avant : Check!
Frein droit : Check!
Frein gauche : Check!
Selle : Check!
Pédalier : Check!

Sac nonchalamment posé sur la borne phallique… Ding! Le vélo libéré de ses chaines commence à avancer mon poids pesant sur les pédales.

Ce feu à piétons est encore rouge (cf photo). Aucun piéton à perte de vue, un coup de frein nécessiterait un surplus de force inutile pour redémarrer et je suis en retard, encore en retard, la lumière écarlate ne me stoppera pas!

Gros véhicule blanc à ma hauteur (Double moi!).
Fenêtre qui s’ouvre (DOUBLE MOI!).
Affublé des lettres P.O.L.I.C.E :
– « Veuillez vous arrêter sur le bas côté » annonce la jeune femme à casquette bleue.
– « Je te rappelle » dis-je d’une voix fluette à l’objet de plastique dans ma main droite.

Les faits
Je suis donc interpellé pour « Inobservation du signal lumineux rouge fixe prescrivant l’arrêt absolu » et « Usage du téléphone portable à vélo ».

Le feu en question est illustré en tête d’article. Sa seule utilité est de permettre aux piétons de traverser. Ainsi lorsque je le franchis sans aucun piéton à perte de vue, je ne suis un danger ni pour moi ni pour les autres.

En revanche lorsque je conduis un vélo à une main pour téléphoner avec l’autre, je suis dangereux pour tout le monde.

Mais les faits sont là et ils sont incontestables.

Le PV

L’agent est plutôt sympathique et je n’ai pour ma part aucune raison d’être désagréable, elle fait son travail et je suis en effet en infraction. Voyant ma bonne volonté, elle m’annonce qu’elle ne tiendra compte que du feu rouge, attention plutôt sympathique d’un point de vue financier. Du point de vue pédagogique en revanche c’est une grosse erreur. Ne pas respecter la lumière rouge ici n’est d’aucun danger alors que téléphoner en vélo est stupide et dangereux.

Je ne sais si c’est l’importance culturelle du non-respect du feu rouge ou le montant plus élevé de l’amande qui la poussera à faire ce choix. Le papier bleu m’est donc remis et les caractères « 90€ » sont entourés au stylo bleu.

3 jours plus tard
De retour d’un week-end hors de la capitale, je ressors le fin feuillet afin de payer ma faute me disant qu’il est inutile d’attendre les 15 jours généralement laissés pour toute chose publique.

Une première lecture du document me laisse largement perplexe :

Dans les 3 jours à compter de la date de la constatation de l’infraction ou dans les 7 jours qui suivent l’envoi de cette carte de paiement, si elle vous a été ultérieurement adressée. À défaut de respecter ce délai, vous serez redevable de l’amende forfaitaire qui devra être réglée dans les conditions prévues ci-contre.

3 jours, il s’agit bien de trois jours. Je n’ai pas souvent eu à traiter avec l’administration publique, mais :

Percevoir l’APL : 4 mois
Remboursement Sécu : 1 mois
Changement de carte vitale : 2 mois et j’attends toujours
Remboursement d’un voyage par un laboratoire public d’une université : 6mois et j’attends toujours

Mais pour payer un PV au tarif annoncé, nous avons trois jours. Heureusement, je suis encore dans les temps, nous sommes dimanche.

Paiement
Résolu, je cherche maintenant comment payer. Le PV indique deux solutions : le chèque et le timbre amande. Les forums les plus obscurs de l’Internet mondial sont formels, il ne faut pas choisir le chèque.

D’autres indiquent même que l’on peut payer en ligne. Un tour sur le site web m’indique immédiatement que seules les amendes provenant de radars automatiques sont concernées. Dernière solution efficace encore trouvée sur un sombre forum : le paiement électronique chez un buraliste équipé. Face à ce buraliste High-Tech (oui, entre temps la terre a un peu tourné sur elle même et notre côté du globe voit de nouveau l’astre en fusion permanente), l’absurdité de la situation ne cessera pas : seuls les PV de radars automatiques (ceux payables en ligne) sont payables de manière électronique dans les bureaux de tabac…

A l’heure d’Amazon, de Spotify, et de la déclaration d’impôts en ligne, il faut payer une amende en achetant un bout de papier collant chez un buraliste!

J’ai finalement acheté le timbre le plus cher de ma vie et mis fin à cet épisode absurde.

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