Positron 50 – Noveciento pianiste d’Alessandro Barrico

J’ai eu l’occasion de participer à l’émission Positron de Patrick Béja. Dans ce podcast, Patrick et ses deux invités (Alan et moi pour cette session) présentent des oeuvres culturelles pour vous donner de bonnes raisons de plus vous embêter! Pour cette deuxième session j’ai choisi de présenter Noveciento Pianiste d’Alessandro Barrico.

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La première fois que j’ai entendu Positron, j’ai pensé à Noveciento Pianiste. Cette nouvelle est le parfait tue l’ennui : achetez ce petit tout petit livre de 87 pages, mettez-le dans votre sac et à tout moment où vous vous embêtez, commencez à le lire, deux heures passeront comme s’il ne s’était écoulé que 5 minutes! Attention tout de même, le remède ne marche qu’une fois.

Les plus récalcitrants se demandent sans doute « de quoi parle-t-il », « à quoi il ressemble » et « est-ce que ça va me plaire? ». Le problème est que la meilleure description est : c’est un livre d’Alessandro Barrico,

je peux aussi vous dire que c’est le livre préféré de Barrico que je préfère mais pas certain que ça vous aidera… Pour préparer cette émission, je suis alors parti à la rescousse d’aides extérieures pour m’inspirer une description plus parlante. Sur Goodreads, je tombe sur la critique d’un certain Alan Vonlanthen (véridique, ce n’était pas prévu, il n’en a même pas été informé) qui, alors qu’il a pour usage de mettre des critiques de plusieurs lignes, se contente d’agrémenter ses 5 étoiles du commentaire :

« Un vrai petit bijou de story telling. On est plongé dans un univers complètement improbable en quelques secondes, et on a envie d’y rester! A mettre entre toutes les mains »

Tout est dit, Alessandro Barrico c’est d’abord un incroyable raconteur d’histoires. Par exemple son dernier livre, Trois fois dès l’aube, commence par :

« Ces pages racontent une histoire vraisemblable qui, toutefois, ne pourrait jamais se produire dans la réalité? »

Comment ne pas avoir envie de lire la suite. Ou encore dans « Les barbares: Essai sur la mutation » (essai sur l’entreprenariat, que je vous invite à lire aussi), il commence son livre par quelques citations qu’il se voit dans l’obligation d’introduire. Pour la deuxième, cette introduction d’une dizaine de pages nous présente l’auteur, le contexte, son univers, sa personnalité pour finalement comprendre pourquoi ces deux mots ridicules sont ici merveilleusement choisis (la citation en question est « Mickey Mouse », oui, c’est tout.).

Et surtout, Barrico c’est la plupart du temps tout un univers. Pour en revenir à Noveciento, ce monologue narre l’histoire d’un musicien de génie né sur un bateau. Mais ne vous y trompez pas, on ne suit pas cette histoire, on est littéralement plongé dans cet univers, on sourit souvent, on est parfois ému, on aimerait y rester après les derniers mots et surtout, une fois le livre refermé reste longtemps la sensation que l’on a eue à sa lecture, presque comme un vrai souvenir.

Histoire de plus encore vous donner envie, un extrait :

« C’est là, à ce moment-là, que le tableau se décrocha.
Moi, cette histoire de tableaux, ça m’a toujours fait une drôle d’impression.
Ils restent accrochés pendant des années et tout à coup,
sans que rien se soit passé, j’ai bien dit rien,
vlam, ils tombent.
Ils sont là accrochés à leur clou, personne ne leur fait rien, et eux, à un moment donné,
vlam , ils tombent, comme des pierres.
Dans le silence le plus total, sans rien qui bouge autour, pas une mouche qui vole, et eux:
vlam. Sans la moindre raison.
Pourquoi à ce moment-là et pas à un autre? One sait pas.
Vlam.
Qu’est- ce qui est arrivé à ce clou pour que tout à coup il décide qu’il n’en peut plus?
Aurait-il donc une âme, lui aussi, le pauvre malheureux? Peut-il décider quelque-chose?
ça faisait longtemps qu’ils en parlaient, le tableau et lui, ils hésitaient encore un peu, ils en discutaient tous les soirs, depuis des années, et puis finalement ils se sont décidés pour une date, une heure, une minute, une seconde, maintenant, vlam.
Ou alors ils le savaient depuis le début, tous les deux, ils avaient tout combiné entre eux, bon t’oublie pas que dans sept ans je lâche tout, t’inquiète pas, pour moi c’est bon, alors d’accord pour le 13 mai, d’accord, vers six heures, ah j’aimerais mieux six heures moins le quart, d’accrod, allez bonne nuit, bonne nuit.
Sept ans plus tard, le 13 mai, six heures moins le quart: vlam.
Incompréhensible.
C’est une de ces choses, il faut pas trop y penser, sinon tu sors de là, t’es fou. Quand le tableau se décroche. Quand tu te réveille un matin à côté d’elle et que tu ne l’aimes plus. Quand tu ouvres le journal et tu lis que la geurre a éclaté. Quand tu vois un train et tu te dis « je me tire ». Quand tu te regardes dans la glace et tu comrpends que tu es vieux

Pas besoin d’en dire plus, avec tant d’éloges, aucune raison de ne pas tenté de mettre le nez dans ces 87 pages!

 

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